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Charte du Mandé (XIIIème siècle)

Traduction en Français du texte en langue originale

Nous avons découvert en France un texte s’intitulant « La Charte du Mandé » qui date du 13ème siècle. Elle a été officialisée sous l’empereur Sundiata Keita et constitue une sorte de Déclaration des Droits de l’Homme de portée universelle, 6 siècles avant la nôtre ! Elle a été diffusée à cette époque dans tout l’empire du Mandé (à peu près le Mali actuel).

 

Afin de diffuser des valeurs humaines (qui se sont bien affaiblies avec le temps, nous avons demandé aux enseignants des écoles que nous soutenons (jusqu’à présent 3) d’enseigner cette charte sous forme de cours réguliers de « morale » aux élèves afin d’éviter les reproches habituels de diffuser des idées exclusivement occidentales. Les enseignants qui, apparemment, ne connaissaient pas ce texte, ont tous réagi positivement et l’enseignent maintenant. Les élèves s’approprient le contenu de ce texte et ses valeurs qui constituent l’héritage ancestral de leur peuple. Il y a une discussion avec la ministère de l’éducation nationale pour que cette charte fasse partie du programme officiel de l’éducation.

Le Mandé fut fondé sur l’entente et la concorde, l’amour de la liberté et la fraternité. Cela signifie qu’il ne saurait y avoir de discrimination ethnique ni raciale au Mandé. Tel fut le but de notre combat. Par conséquent, les enfants de Sanéné et Kontron font, à l’adresse des douze parties du monde, et au nom du Mandé tout entier, la proclamation suivante:


Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent:
Tout vie humaine est une vie. Il est vrai qu’une vie apparaît à l’existence avant une autre vie, mais une vie n’est pas plus « ancienne », plus respectable qu’une autre vie, de même qu’une vie ne vaut pas mieux qu’une autre vie.


Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent:
toute vie étant une vie, tout tort causé à une vie exige réparation. Par conséquent
Que nul ne s’en prenne gratuitement à son voisin,
Que nul ne cause du tort à son prochain,
Que nul ne martyrise son semblable.

 

Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent:
Que chacun veille sur son prochain
Que chacun vénère ses géniteurs
Que chacun éduque ses enfants
Que chacun pourvoie aux besoins des membres de sa famille.

 

Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent:
Que chacun veille sur la terre de ses pères. Par patrie, pays ou terre des pères, il faut entendre aussi et surtout les hommes car tout pays, toute terre qui verrait les hommes disparaître des surface connaîtrait le déclin et la désolation.

 

Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent:
La faim n’est pas une bonne chose
L’esclavage n’est pas non plus une bonne chose : il n’y a pas pire calamité que ces choses-là dans ce bas monde.
Tant que nous disposerons du carquois et de l’arc, la famine ne tuera personne dans le Mandé.
Si d’aventure la famine survient, la guerre ne détruira plus jamais de village pour y prélever des esclaves. C’est dire que nul ne placera désormais les mors dans la bouche de son semblable pour aller le vendre
Personne ne sera plus battu au Mandé, a fortiori mis à mort parce qu’il est le fils d’esclave.

 

Les enfants de Sanéné et Kontron déclarent:
L’essence de l’esclavage est éteinte ce jour « d’un mur à l’autre, d’une frontière à l’autre du Mandé »,
Les razzias sont bannies à compter de ce jour au Mandé.
Les tourments nés de ces horreurs disparaîtront à partir de ce jour au Mandé
Quelle horreur que la famine ! Un affamé ignore toute pudeur, toute retenue
Quelle souffrance épouvantable pour l’esclave et l’affamé, surtout lorsqu’ils ne disposent d’aucun recours. L’esclave est dépouillé de sa dignité partout dans le monde.

 

Les gens d’autrefois nous disent:
« L’homme en tant qu’individu fait d’os et des chair, de moelle et de nerfs, de peau recouverte de poils et de cheveux, se nourrit d’aliments et de boissons; mais son « âme », son esprit vit de trois choses: voir ce qu’il a envie de voir, dire ce qu’il a envie de dire et faire ce qu’il a envie de faire. Si une seule de ces choses venait à manquer à l’âme, elle en souffrirait et s’étiolerait sûrement ».


En conséquence, les enfants de Sanéné et Kontron déclarent: « Chacun dispose désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes dans le respect des interdits des lois de la patrie ».

 

Tel est le serment du Mandé à l’adresse des oreilles du monde tout entier.